Le mystère Patrick Sébastien

Ma plus grande affection pour les has been passant pour des demeurés aux yeux du grand public ne s'éteint jamais. Je ne m'arrête jamais à cette image publique de guignol, de lourdingue, de débile profond dont savent pertinemment jouer Les Musclés, Jacky, Sim, David Hasselhoff ou... Patrick Sébastien. J'essaie toujours de savoir ce qu'il se passe dans la tête de ces gens, et en général, je dois dire que je ne suis pas déçu.

Ce soir encore, la démonstration théâtrale à laquelle j'ai assisté m'a encore donné raison, puisque nous sommes allés voir en troupe la dernière création de Patrick Sébastien : Le Kangourou. Pièce comique jouée au théâtre du Gymnase, je n'étais, il est vrai et je dois l'admettre, pas très chaud pour me taper une heure de voiture et me rendre au coeur de Paris. Mais les places gratuites et l'accompagnement ont fini de me convaincre.

Patrick Sébastien est vraiment un type que j'aime bien. J'ai cerné depuis longtemps déjà son personnage décalé et cette double personnalité qui le caractérise bien. Assumant pleinement son côté "gros beauf" qui le fait vivre depuis belle lurette, il se vante de n'être jamais à la mode, et ma foi, ça plait. Les chansons à boire sont son domaine de prédilection (rappelons qu'il faisait partie du mythique Licence IV qui nous a chanté "viens boire un ptit coup à la maison"), et même s'il avait arrêté pendant un moment, on sent qu'il a repris du service dernièrement.

Mais au delà de ça, il a toujours essayé de montrer par des moyens détournés qu'il n'était pas aussi tarte qu'il en avait l'air. Gagnant l'émission Questions pour un champion, ou écrivant un bouquin sous un pseudonyme (qu'il s'empressera de révéler), il a toujours parlé de son personnage public comme d'une autre personne, dont il a du mal à se défaire aux yeux du public. Ce mec est tiraillé ça se sent. Il souffre de cette réputation qui le suit, mais il en joue et aujourd'hui l'assume plutôt bien, lui permettant ainsi de rebondir là où on ne l'attend pas.

Et c'est ce qu'il fait dans cette pièce, entièrement écrite de sa main. En toute honnêteté, j'ai vraiment rigolé du début à la fin. Une pièce dynamique, sans temps morts, bien amenée, qui commence par du lourdingue pour terminer sur de la poésie. Sébastien s'auto congratule mais se fout de sa gueule. Une auto dérision menée au millimètre, avec des mots toujours bien placés sur le showbiz, la politique, l'argent, le sexe, les femmes, le pouvoir... Tour à tour hilarant ou sentimental, Patrick Sébastien se donne sans compter dans cette pièce, en rappelant ses imitations passées qui ont fait son succès, en rappelant les troubles de sa vie, le drame de son fils tué en moto. Bref, il balance, c'est pas toujours correct, mais ça fait du bien. C'est sincère, ça vient du coeur, et j'applaudis des deux mains cette tirade finale dédiée à sa fille. Magnifique.

Je vous conseille fortement de passer outre la réputation de Patrick Sébastien qui découragera les intellos et autres lecteurs de Télérama, mais qui ravira les gens de coeur. Ce gars a du talent, et jouer l'entarté public est pas toujours flatteur. Il le fait, il est bon, bravo Patrick.

Comments

[Nick'O]

J'ai eu ma période où je trouvais Patrick Sebastien rigolo, mais déjà has been. C'était dans les années 90's.
Ton article est quand même bien too much, Patrick Sebastien reste le plouc par excellence, même à tes yeux le devrait!

[JTLancer]

Attention! Précision artistico-historique : Patrick Sebastien ne faisait pas partie de Licence IV (12 semaines N° 1 au Top 50, quand même). Il s'avère qu'en fait Francis Vacher, Olivier Guillot et Gilles (Gilou, avec son p'tit accordeon) Lecouty étaient les musiciens de scène de notre imitateur préféré (tellement plus drôle que Laurent Gerra, quoi qu'on en dise). D'où la connection Licence IV-Sebastien, qu'on se le dise...